Lors des formations que j’anime sur La dimension émotionnelle dans le cadre professionnel, j’entends fréquemment certains stagiaires me dire :
« Je ressens souvent de la colère, mais je ne sais pas comment la gérer. », ou encore
« Je fais taire ma colère pour éviter de tout casser ou de frapper l’autre ! ».
Et il n’y a rien d’étonnant à cela, vu que l’éducation émotionnelle n’est pas officiellement enseignée à l’école. Si je suis aujourd’hui formateur, c’est pour enseigner aux autres ce qu’il m’a fallu cinquante ans à comprendre…
Je vais donc, à travers cet article, vous informer et, je l’espère, vous réconcilier avec la colère, qui n’est qu’un signal à notre service, comme toutes les autres émotions d’ailleurs. Ce qui importe, c’est d’accuser réception de ce signal, d’entendre ce que l’émotion me pousse à faire, et tenter d’agir de la manière la plus appropriée à chacune de mes situations particulières. Dans le cadre professionnel, qu’il existe ou non de rapport hiérarchique, la colère peut parfois même me conduire à une forme d’empathie envers mon collaborateur.
L’expression de la colère diffère souvent d’une personne à une autre, car nous n’avons pas tous la même manière de la manifester. Cependant, il faut être vigilent ; en effet, certaines formes d’expressions de la colère s’avèrent problématiques ; à savoir :
la colère étouffée : celle que je ne vais pas reconnaitre, ou je vais en être conscient mais je ne vais pas la nommer,
la colère rentrée : je me sens en colère mais je ne suis pas dans la capacité de l’exprimer verbalement,
la colère grandiose : c’est la manifestation explosive de la colère, et
la colère défléchie : elle n’est pas exprimée au bon endroit ou à la bonne personne ; je remplis mon vase de colère que je déverse sur une personne qui n’y est pour rien.
Évidemment, vu que la colère est notre alliée, à l’image de toutes les autres émotions ; elle est à notre service, mais à condition de la reconnaître et de l’exprimer de la façon la plus calme possible. C’est ce que l’on nomme l’assertivité, et cela correspond à la cinquième façon de manifester sa colère : l’accueillir, la mettre en mots et l’exprimer de façon non violente.
La colère devient néfaste dès lors où je projette sur l’autre (l’autre constitue un miroir sur lequel se reflète une difficulté passée appartenant à mon histoire de vie), ou si je l’accuse d’être la source de tous les maux (je vide alors tout le contenu de mon vase émotionnel dans lequel j’ai laissé les émotions s’accumuler). A chacun ses émotions ; ma colère m’appartient. C’est donc à moi d’accuser réception du message qu’elle me délivre. M’en occuper relève uniquement de ma responsabilité.
En effet, comme je l’ai dit en introduction, beaucoup craignent la colère, confondant souvent colère et violence. La violence, qu’elle soit verbale ou physique, n’est que l’expression ultime des degrés d’escalade du conflit. A l’origine de toute colère, il y a une attente déçue, un désir ou un besoin non satisfait, puis une frustration ; cela nous place alors dans notre état du moi Enfant.
Pour reconnaître une colère, qui vient frapper à ma porte, rien de plus facile : cette émotion se manifeste à chaque fois qu’il y a un obstacle sur ma route, que ce soit par rapport à un but, une attente, un besoin, ou une valeur. Il me faut alors apprendre à identifier cet état du moi Enfant, pour de me replacer rapidement dans mon état du moi Adulte ; je peux ainsi, au lieu d’avoir un comportement inapproprié (garder cette colère en moi, ou tout casser), aller vers une forme d’expression juste, grâce à l’assertivité. Mes colères ont besoin d’être traitées et exprimées au fur et à mesure, les unes après les autres, afin d’éviter de remplir mon vase au risque de le faire déborder, ou pire, exploser !
Article rédigé par Olivier BERGER - Février 2024
Tout d’abord, il est nécessaire de faire la différence entre ma propre colère et celle d’un autre. Ma colère, il me faut la reconnaitre, pour ainsi pouvoir me dire : « Je me sens en colère ». Ainsi, je la nomme pour moi, comme je peux la nommer pour les autres, et éviter la contamination émotionnelle ; j’ai bien assez à faire avec mes propres émotions !
Ensuite, il s’agit de mettre en lumière le besoin qui n’a pas été satisfait : quel est l’obstacle sur ma route ? Est-ce un but ?, une attente ?, un besoin ?, ou encore une valeur qui n’a pas été comblé ? Il faut donc reconnaître cet obstacle, en prendre conscience et observer la situation en prenant de la hauteur. Avec cet obstacle en tête, je me questionne sur la possibilité de le retirer de ma route moi-même, ou sur celle m’adresser à quelqu’un en lui exposant les faits, ce que j’ai ressenti (ma colère), puis en lui nommant mon besoin. Cela peut être, par exemple, un besoin de reconnaissance pour un travail accompli.
Il faut alors basculer sur la notion de lâcher prise. A quoi cela sert-il de vouloir à tout prix tenir bon, si j’impacte ma santé mentale et corporelle ? Est-ce que je peux me résoudre à l’idée de lâcher prise sur les choses que je ne peux pas contrôler, et sur lesquelles je n’ai aucune prise ? La colère me relie à l’idée de toute puissance : celle que je pourrais tout contrôler. Or certaines choses ne peuvent pas l’être, car elles ne m’appartiennent pas.
C’est une affaire plus complexe car, souvent, la colère des autres me renvoie à des événements liés à ma propre histoire : à des colères passées, datant parfois de mon enfance. C’est pour cela que face à la colère de l’autre, il faut également prendre de la hauteur et s’interroger sur ce que je ressens, et pourquoi ? Quelle est mon émotion ? De la peur ? De la compassion ? Si l’autre est en colère, c’est qu’il y a un obstacle sur sa route à lui, un besoin qui n’est pas comblé. Alors, peut-être que je peux regarder les choses sous cet angle, avec empathie… et je vais pouvoir ainsi commencer à m’intéresser à l’autre.
Dans le cadre du travail, cela passe par l’échange, le dialogue avec mon collègue, en m’intéressant à ce qu’il y a au-delà de cette colère.
Si mon manager exprime de la colère pour le travail que j’ai réalisé, je peux m’interroger depuis son cadre de référence à lui : « Quel est le risque pour lui ? », « Pourquoi se met-il dans un tel état ? Est-ce justifié ? », « Sa colère est-elle proportionné par rapport à l’événement? », « Qu’est-ce qu’il se cache derrière cette expression émotionnelle ? ». Toutes ces questions vont me permettre de prendre de la distance avec la colère de l’autre. Mais je me permets de rappeler que l’empathie, c’est la capacité à se mettre à la place de l’autre, en sortant de notre propre cadre de référence, qui parfois nous enferme… mais sans prendre l’émotion de l’autre !
Il s’agit en effet de prendre du recul, de la hauteur, afin de sortir de notre cerveau limbique (notre cerveau émotionnel, appelé « cerveau chaud ») pour pouvoir accéder à notre zone cérébrale de la réflexion : le cortex préfrontal (faisant parti de notre cerveau cortical, dit « cerveau froid »). Lorsque je suis dans l’émotion, j’éprouve des difficultés à réfléchir et à trouver des solutions efficaces et adaptées à la situation. Celles que je trouve sous le coup de la colère ne sont généralement pas très efficaces, ou peuvent me mettre en difficulté par une réponse non appropriée.
Il est donc recommandé, pour calmer notre cerveau chaud, de pratiquer des exercices de respiration et de méditation. Dans certaines situations, des exercices de décharge seront plus adaptés afin que cette énergie de colère sorte de mon corps pour pouvoir retrouver mon calme intérieur.
PROFESSIONNEL : BO DÉVELOPPEMENT peut vous aider, à travers une formation, à mieux comprendre vos émotions afin qu’elles puissent devenir vos alliées. Nous proposons une formation sur « La dimension émotionnelle dans le cadre professionnel », où nous apprenons à décoder chacune des 6 émotions de base, et nous abordons l’intelligence émotionnelle à travers un test de Quotient Émotionnel.
INDIVIDUEL : BO DÉVELOPPEMENT propose également de vous accompagner individuellement, afin de vous apprendre, à travers des exercices pratiques, à écouter vos émotions, les décrypter pour les nommer, en comprendre le message et agir d’une manière adaptée à la situation rencontrée.